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Top 10 des expériences à vivre en Haïti

Pour que votre âme repose en paix, il est des expériences qu’il faut vivre au moins une fois avant de mourir. Je vous propose une liste de dix expériences à vivre si vous vous rendez en Haïti. Des expériences enrichissantes, amusantes, et même capables d’éveiller votre humanité. Une précision : il n’y a aucun ordre logique entre les expériences qui sont listées dans ce top 10.

1. Danser au carnaval

C’est assurément l’un des plus grands événements culturels d’Haïti. Fête de la joie et de la gaieté, le carnaval haïtien réunit tout le monde indépendamment des origines ethniques et des moyens économiques. C’est l’occasion d’exposer au monde entier l’ensemble des talents des haïtiens dans le domaine artistique. Artisanat, musique, théâtre, danse, etc. Le carnaval haïtien est un bouquet d’art.

2. Danser le Rara

Le Rara est encore une manifestation culturelle populaire trouvée en Haïti. À la différence du carnaval (fête plutôt citadine), le Rara est la fête des paysans. Certains disent même que c’est le carnaval des paysans.

Voilà tout le charme de cet événement organisé chaque année au cours de la période de carême. Léogâne (au sud de Port-au-Prince) et le département de l’Artibonite sont les régions réputées du pays pour cet événement.

3. Participer aux fêtes champêtres

Sont appelées fêtes champêtres en Haïti, les fêtes patronales des villes. Toutes les villes ont un patron (héritage de la colonisation espagnole qui a donné le catholicisme au pays) qu’elles fêtent chaque année.

À côté des amoureux de plaisir, les pèlerins. Des femmes et des hommes en quête d’une vie meilleure qui viennent héler aux pieds des saints.

4. Visiter les lieux touristiques et historiques

Il y en a beaucoup ! Suffisamment pour qu’un mois soit trop court pour parvenir à les visiter tous. Dans ces lieux se cachent l’histoire du peuple haïtien, celle des esclaves, des nègres marrons, et la beauté du pays.
Bassin-bleu, le palais aux 365 portes, le palais sans souci, la citadelle la Ferrière… ils sont de tout type. Des forts post-coloniaux, des chutes d’eau, des grottes, etc. Visiter ces lieux permet à toute âme d’expirer sans regret.

5. Aller sur la plage

Des plages aux sables blancs où la mer est tendre comme une bonne femme. Des plages aux littoraux arpentés de cocotiers. Des plages naturelles. Nul besoin de beaucoup d’aménagement pour aimer la mer d’Haïti.

6. Faire un séjour à la campagne

Qui a dit que les haïtiens ne s’unissent pas ? Venez passer une semaine dans une campagne haïtienne ! Tout le monde s’appelle « compère et commère », les enfants appellent tous les adultes « tonton et tantine » (oncle et tante).
Pour faire la plus belle expérience possible à la campagne en Haïti il faut s’y rendre le dimanche après-midi.

Chaque maîtresse de maison se fait le plaisir de partager avec sa voisine de la nourriture. Souvent, elles parcourent plusieurs centaines de mètre pour partager leur plat du dimanche avec une amie. Et je ne ne parle pas des « coumbites » : ces grands rassemblements de solidarité où tous les paysans se joignent à un seul pour l’aider à cultiver son champ.

7. Visiter les bidonvilles

Oui, j’ai bien dit : « visiter les bidonvilles ». Dans ces zones, la vie est plutôt sombre. Pas d’eau potable, pas d’électricité ni de centre de santé. Bref, les services sociaux de base sont inexistants.

Mais, dans ces conditions infra-humaines, des gens vivent carrément bourrés de joie. Ils chantent, dansent et mangent comme pour dire à la vie qu’elle ne leur fait pas peur.

8. Visiter les marchés publics

Que viennent chercher les marchés publics dans un top 10 des expériences à faire en Haïti ? Ce sont des lieux que les autorités n’entretiennent pas. Les usagers y ont tous les soucis. Mais ils y forment une communauté de vie. Ils y mangent, y blaguent, bref, ils y vivent.

9. Voyager en transport en commun

Sans trop vouloir spéculer, on peut se demander si Haïti n’est pas le seul pays au monde où les gens peuvent voyager sans complexes ni préjugés. Secteur non régulé, les gens voyagent très souvent dans des conditions lamentables, mais, ils s’en accommodent. En Tap-Tap, ils racontent tout, ils parlent de tout, même s’ils ne se connaissent pas.

10. Assister à une cérémonie vodouesque

Là on est dans l’univers des Loas. Tambours, tchatcha, des jeunes « hounsis » qui se déhanchent, une Mambo ou un Houngan qui conduit la cérémonie. Il n’y a pas mieux à vivre.


Haïti/Port-au-Prince: La Saline, les précarités d’un ghetto

La Saline. Ce bidonville que l’on appelle un ghetto, quand on y entre, présente un tableau sombre, fait de toutes les couleurs de la précarité.

11 heures du matin. Le soleil semble avoir peur de fouler fort le sol de cette zone. Dans tout le bloc, les déchets s’installent en maître. Ici les mouches se promènent dans les rues au même titre que les gens. D’ailleurs, les piles de déchets sont pour quelques-unes des « fosses » où les « emboîtés » remplis de matières fécales sont jetées. À peine rentré à La Saline, les précarités de cette zone frappent même à l’oeil le moins attentif.

Jacob (nom d’emprunt), un petit garçon âgé de 11 ans, essaie de trouver la meilleure façon de s’amuser au carrefour « Labatwa », au coeur même de La Saline. Pieds nus, le petit bonhomme semble porter de la tête aux pieds toutes les marques de précarité de sa zone. Vêtements déchirés et complètement sales, le petit raconte pourquoi il n’est pas à l’école quand on l’a rencontré.

« Bòs mwen, se kòb manman m pa genyen wi pou achte inifòm pou mwen » (Mon patron, c’est que ma mère n’a pas assez d’argent pour acheter pour moi mon uniforme). Jacob n’a pas tourné autour du pot avant de se confier à nous. À 11 ans, il est seulement en 3e année fondamentale, raconte-t-il. Il a dû abandonner l’école à cause du manque de moyens économiques de sa mère. « Et pourtant, mon école est gratuite. Mais ma mère n’est pas en mesure d’acheter l’uniforme pour moi et des fournitures classiques », avoue le petit, noyé dans le regret de ne plus pouvoir prendre le chemin de l’école.

Education des enfants: un problème majeur

Beaucoup d’autres enfants de la zone vivent cette même réalité. Selon des habitants rencontrés à La Saline, le lundi 20 février 2017, l’éducation des enfants constitue l’un des problèmes majeurs de cette zone. « Nous avons plusieurs écoles qui ont été abattues par le tremblement de terre. Mais on n’en a réparé aucune. Au contraire, on transfère l’une d’entre elles à Delmas  (commune qui avoisine la capitale) », a informé un habitant de La Saline.

Les déchets constituent un autre grand problème auquel est confrontée la population de La Saline. Ce qui fait que les moustiques sont très présents dans cette zone. Et pourtant, à en croire les habitants, il n’existe aucun centre de santé à La Saline.

Leur plus grande richesse, disent-ils, est la Croix-des-Bossales. Mais ce grand marché public qui dessert toute la région métropolitaine de Port-au-Prince est un espace très souvent immonde et insécurisé. Insécurité très souvent causée par les habitants de cette zone eux-mêmes, même s’ils ne le voient pas en ces termes. « Nous avons le marché tout près de nous avec beaucoup de nourriture. Quand on a faim ici, on négocie avec les marchands. Ces derniers sont habitués avec nous, ils nous aident sans problème », martèle un jeune qui dit être âgé de 24 ans, mais qui vit de la mendicité au marché de la Croix-des-Bossales.

Les policiers: des bêtes noires

À les entendre, être jeune dans cette zone ne veut pas toujours dire la même chose qu’ailleurs. « Les jeunes hommes sont appelés des bandits. Et nous autres jeunes filles, on nous qualifie méchamment de « madan bandi », confie une jeune femme de La Saline, le visage peint de colère.

Ainsi, avouent-ils, les policiers sont des bêtes noires. Des « jaguars » qu’il faut à tout prix fuir. « Ce n’est pas normal. Dès que nous voyons des policiers se pointer dans la zone, nous sommes obligés de fuir. Sinon, ils vont nous arrêter pour rien, nous accusant de toutes sortes de choses », critique un jeune de La Saline, rencontré le lundi 20 février 2017 précisément à carrefour « Labatwa ». Selon les habitants, les jeunes n’ont rien à faire dans cette zone. Sinon, jouer aux dominos ou s’enivrer de bière.

JKJ, pour passer à l’action

Pour tenter d’apporter des solutions à certains problèmes de leur zone et améliorer son image, certains jeunes essaient de se regrouper au sein de la fondation « Jèn Kore Jèn (Jeunes en soutien aux jeunes)» (JKJ). Leur plus grand acquis. Ils croient qu’avec cette association, ils peuvent apporter un changement à La Saline. D’ailleurs, ils préparent déjà une caravane pour assainir la zone en dépit de leur maigre moyen. « La mairie oublie cette zone. C’est à nous de la changer », avoue l’un des responsables de cette association.

Les précarités de La Saline sont nombreuses et grandes. Selon les habitants de cette zone, les politiciens en profitent très souvent pour se servir d’eux. Après leur élection, disent-ils, ces politiciens montent au créneau pour qualifier leur zone de « non-droit ». Ce qu’ils dénoncent haut et fort. « Nous sommes plus avisés maintenant. Ils ne pourront plus nous utiliser », lance l’un d’entre eux.